Archie : la série continue
Le bal des finissants Le grand soir
Épisode 1.04
C'était une belle journée, en ce jeudi
après-midi. Le soleil planait sur Riverdale. Les
étudiants de la secondaire de Riverdale étaient
très impatients de terminer leurs examens et s'en aller en
vacances. La cloche de trois heures sonna enfin, annonçant
la fin des examens. Les étudiants se ruèrent vers
la sortie en hurlant de joie, pour la plupart. En fait, seul Archie
sortit après tout le monde. Il se demandait encore qui
inviter au bal des finissants. Il marcha vers le stationnement en
pensant à tout ce qui pouvait faire pencher la balance d'un
côté.
«Si je choisis Betty, je pourrai facilement être
moi-même au bal et avoir du plaisir. Mais Ron ne me le
pardonnerait jamais. Et Cheryl... J'aime mieux pas y penser!»
Archie rejoignit sa fidèle Betsy et sortit du stationnement.
Il put la réparer grâce à son travail
chez Tony. Il continua de penser à ses choix.
«Si je prends Ronnie, Betty sera très
déçue. J'aurai aussi bien du plaisir mais Ron
risque d'être très exigeante aussi. Mais on en
parle depuis si longtemps...»
Archie s'arrêta à un feu rouge. Il pensa
à Cheryl inconsciemment.
«Si je choisis Cheryl, je vais sûrement faire des
envieux! Je sais qu'elle est très convoitée par
les gars parce qu'elle est provocante. Ça risque
d'être très plaisant avec elle aussi!»
Lorsque le feu devint vert, Archie reprit sa route.
«Qui vais-je choisir?» pensa-t-il.
Pendant ce temps, chez Pop, Betty sirotait un soda. Jughead entra dans
la place et rejoignit aussitôt Betty au comptoir.
– Salut Betty! Alors, les examens? demanda Jughead.
– Oh, ça a bien été, Jug.
As-tu vu Archie?
– Il est resté un peu à
l'école. Il m'a dit qu'il viendrait ici dans un quart
d'heure.
Pop s'avança vers les jeunes.
– Alors, Jug? demanda Pop. Six burgers, comme d'habitude?
– Non, Pop. Douze! Les examens, ça creuse
l'appétit! répondit Jughead.
– Dans ton cas, Jug, qu'est-ce qui ne te donne pas
d'appétit? dit Pop.
Betty sourit.
– As-tu des nouvelles de Joani, Jug? demanda-t-elle.
– Non. Elle ne m'a pas répondu encore. Je commence
à douter qu'elle me réponde un jour. En fait,
elle n'a pas répondu à mon courrier depuis trois
mois.
– Que vas-tu faire alors? demanda Betty.
– Aller seul au bal, je suppose, répondit Jughead.
Pop lui servit ses douze hamburgers.
Quelques minutes plus tard, Véronica entra dans la
crèmerie. Instinctivement, elle se dirigea vers ses amis au
comptoir.
– Salut! Archie n'est pas là? demanda
Véronica.
– Non, mais il devrait arriver sous peu, répondit
Jughead.
En effet, Archie arriva peu après. Un peu nerveux, il alla
rejoindre le groupe au comptoir.
– Salut! dit Archie.
– Qui as-tu choisi? demanda Véronica.
Betty et Véronica se tinrent devant Archie, prêtes
à entendre la réponse. Pendant plusieurs longues
secondes, Archie fit durer le suspense. Il finit par briser le silence.
Il regarda Betty.
– Désolé Betty, mais j'ai choisi
Véronica, dit-il d'un ton faible.
Betty ferma les yeux et baissa la tête. Elle était
visiblement très triste. Jughead ouvrit les yeux,
stupéfait par le choix de son meilleur ami. Il
plaça instinctivement sa main sur l'épaule de
Betty, en signe de consolation.
De l'autre côté, Véronica sourit
à Archie et sauta à son cou. Elle
était très contente qu'Archie l'ait choisie. Puis
Véronica prit le bras d'Archie et le traîna vers
la sortie.
– Viens Archie! dit Véronica. Allons ailleurs pour
en discuter.
– Euh... d'accord, Ron, dit Archie. À plus tard,
les amis, dit-il en s'adressant à Jughead et Betty.
En sortant, Véronica jeta un dernier coup d'oeil sur Betty.
L'expression du visage de Véronica signifiait :
«Mets ça dans ta pipe!» Betty ne regarda
pas Véronica mais Jughead l'observa, l'air
fâché. Il essaya ensuite de consoler Betty.
Celle-ci versa quelques larmes.
– Vraiment, je ne comprends pas Arch, dit Jughead.
J'étais sûr qu'il te choisirait!
Betty se tourna alors vers Jughead et pleura sur son épaule.
Jughead, plutôt mal à l'aise, entoura
tranquillement Betty avec ses bras afin de la réconforter.
– Oh, Jughead, dit Betty, pourquoi ne me voit-il pas?
Qu'est-ce que j'ai de pas correct?
– Rien, Betty. C'est lui qui n'a pas les yeux en face des
trous! À sa place, je t'aurais choisi, c'est sûr!
– Je suis tellement tannée de passer en
deuxième, Jug. Je ne sais plus du tout quoi faire!
– Betty, tu devrais l'oublier!
– Comment faire? J'ai déjà
essayé!
– Je vais t'aider, Betty. Les amis sont là pour
ça! Et je te dois bien ça!
– Merci Jug.
Betty cessa de pleurer. Puis elle reprit sa place au comptoir.
– Maintenant, je devrai aller au bal seule, soupira Betty.
– Eh bien, si tu veux, je t'accompagnerai, lança
Jughead.
– Hein? répondit Betty, surprise. Tu veux
m'accompagner au bal? Toi, celui qui déteste les filles?
– Je ne les déteste pas. Je suis seulement un peu
timide, c'est tout. Et puis, tu n'es pas détestable du tout,
Betty! Tu surpasses les autres filles dans n'importe qu'elle discipline.
– ...sauf lorsqu'il s'agit d'Archie, ajouta Betty.
Jughead traîna son plateau de hamburgers jusqu'à
Betty.
– Tu veux un burger, Betty? demanda Jughead avec le sourire.
Un peu touchée par le fait que Jughead partage son repas,
Betty acquiesça et prit deux hamburgers qu'elle
dégusta avec Jughead à ses
côtés. Il commanda même un autre grand
soda qu'il partagea avec Betty à l'aide de deux pailles.
Reggie entra chez Pop un peu plus tard. Lorsqu'il vit Jughead et Betty
ensemble, il n'en crut pas ses yeux. Il se dirigea vers eux.
– Alors, Long-Nez, dit Reggie, on a troqué les
burgers pour les filles?
– Oh, ça va, hein! s'exclama Jughead. J'aimerais
bien t'échanger contre un dépotoir, Reg! Je suis
sûr que j'y gagnerais au change!
– Très drôle! Je vous fait cadeau de ma
présence et tout ce que tu trouves à dire,
c'est...
– Cadeau? interrompit Jughead. Si tu veux nous faire un
cadeau, c'est ton absence qu'on apprécierait!
– Bah! Parlant d'absence, Poil de carotte n'est pas
là? demanda Reggie.
– Il est parti avec Ron, il y a un bout de temps,
répondit Jughead.
– C'est donc avec elle qu'il va au bal.
Cette parole rendit Betty plus triste et souleva l'ire de Jughead.
– Si tu n'as rien d'intelligent à dire, ce qui est
presque toujours le cas, disparais! s'exclama Jughead.
– Jamais! J'ai donné rendez-vous à
Midge ici. Je reste!
Jughead prit la main de Betty et la conduisit vers la sortie.
– Viens Betty. Laissons le magnifique seul avec
lui-même, puisque c'est sa meilleure compagnie! dit Jughead.
Jughead et Betty quittèrent la crèmerie.
Plus tard, Cheryl fit son tour chez Pop, cherchant Archie. Elle ne vit
que Reggie. Elle se dirigea vers lui.
– Reggie, as-tu vu Archie? demanda Cheryl.
– Non, répondit Reggie. Et c'est tant mieux! Mais
il paraît qu'il va au bal avec Ronnie, si ça
t'intéresse.
– Quoi? s'écria Cheryl. Comment est-ce possible?
– Sais pas! dit Reggie avec un sourire en coin.
– Ah, le verrat! Ça ne se passera comme
ça! Oser me faire attendre pour ça...
Cheryl quitta la crèmerie en bousculant Midge et
Éthel qui y entraient.
– Qu'est-ce qui lui prend? demanda Midge.
– Quelle fille impolie! rétorqua Éthel.
– Bah, c'est encore Taches de son qui cause du trouble! Y'a
rien là! dit Reggie. C'est normal! Alors, Midge, tu es
prête?
– Oui, Reg, répondit-elle. À plus tard,
Éthel!
– Salut! répondit Éthel avec une pointe
d'envie.
Reggie et Midge quittèrent la crèmerie main dans
la main. Éthel commanda un soda à Pop et alla
s'installer seule à une table.
Quelques minutes passèrent. Moose et Dilton vinrent faire
leur tour chez Pop.
– Euh... je coule, c'est sûr, dit Moose.
– Attends les résultats, Moose!
répéta Dilton pour la nième fois.
Ils commandèrent chacun un soda à Pop et
cherchèrent ensuite une table où s'installer.
Lorsque Dilton vit Éthel seule, il suggéra
à Moose d'aller la rejoindre.
– Éthel! Comment ça va? demanda Dilton.
– Bof, dit simplement Éthel.
Moose et Dilton s'assirent devant elle.
– Un problème? demanda Dilton.
– Je n'ai encore personne pour aller au bal des finissants.
C'est toujours pareil à chaque bal!
Éthel pensa quelques secondes avant de poser sa question.
– Est-ce que l'un d'entre vous voudrait m'accompagner?
demanda Éthel.
– Euh... pas d'offense Éthel mais la
dernière fois qu'on est sorti, je devais me tenir sur des
échasses pour qu'on n'ait pas une trop grosse
différence de grandeur, répondit Dilton.
– Et toi, Moose? demanda Éthel en baissant les
épaules, en signe de découragement.
– Euh... je ne sais pas, dit Moose, hésitant.
– Moose, rien ne t'empêche de sortir en ami! dit
Dilton. En plus, tu es de sa grandeur. Et puis, ça te
changerait les idées!
– Euh... ok, Éthel, dit Moose. J'irai au bal avec
toi.
Éthel n'en crut pas ses oreilles. Elle contourna la table et
donna un bisou sur la joue de Moose en signe de reconnaissance. Elle
afficha un sourire qu'elle n'avait pas montré depuis belle
lurette.
– Merci Moose! Tu es un ange! dit Éthel.
Moose rougit quelque peu. Cela faisait quelques semaines qu'une fille
ne l'avait pas étreint. Il sourit également
à son tour. Éthel quitta la crèmerie
en sautillant de joie à gauche et à droite. Moose
reprit tranquillement ses esprits.
– Et toi, Dilt, as-tu quelqu'un pour le bal? demanda Moose.
– Nan! La plupart des filles à qui j'ai
demandé m'ont ri au nez. Alors j'ai
décidé d'y aller seul.
– Mais Éthel te l'a demandé...
– Elle est trop grande, Moose. Je suis... susceptible quand
il s'agit de ma grandeur.
– Euh... ouais! Je m'en étais aperçu.
Moose sirota une gorgée de son soda.
– Quand est-ce que les notes sortent,
déjà, Dilt?
– Demain, dès 10 heures, Moose. Je te l'ai dit
cent fois! T'en fais pas pour ça! Ça va aller!
Ils continuèrent de jaser pendant une demi-heure. Ils
partirent ensuite chacun de leur côté.
Le soleil se leva le lendemain, entouré de nuages blancs.
Pour les étudiants de la secondaire de Riverdale,
c'était le premier jour de vacances. Bon nombre d'entre eux
décidèrent de faire la grasse matinée.
Archie était de ce nombre. Il voulait se reposer
après avoir vécu un mois infernal. Il fut
responsable de plusieurs victoires importantes au baseball
interscolaire. Il dirigea avec succès le journal Bleu et Or.
Il travailla d'arrache-pied pour obtenir de l'argent afin de
régler ses différentes dépenses: les
réparations de sa voiture Betsy, quelques sommes dues
à des amis et les préparatifs pour le bal. Puis
il étudia longuement afin de passer ses examens et
réussir son année. Bref, il était
brûlé.
Vers 10 heures, sa mère vint le réveiller.
– Archie, dit Mary doucement. Réveille-toi.
Elle le secoua un tantinet.
– Archie. Réveille.
Mary sortit un instant de sa chambre. Elle revint aussitôt
avec l'aspirateur. Elle l'alluma et fit sembler de le passer dans sa
chambre. Le bruit réveilla Archie en sursaut.
– Kosséça!!! s'exclama Archie. M'man,
c'est congé aujourd'hui et j'aimerais dormir encore.
– Je suppose cher, dit Mary en éteignant
l'aspirateur, mais tu as eu un téléphone de M.
Weatherbee il y a quelques minutes.
– Hmm? Mais l'école est finie... Qu'est-ce que
j'ai fait? demanda Archie.
– Je ne sais pas, Archie, mais il voulait te voir
à 11 heures à son bureau. Alors tu ferais bien de
te préparer.
Mary sortit de sa chambre, laissant Archie se lever. Archie songea
à ce que le directeur pouvait lui vouloir. Il s'imagina
qu'il allait peut-être lui décerner un prix pour
avoir été un bon éditeur au journal.
Peut-être voulait-il le féliciter personnellement
pour ses exploits sportifs récents. Archie songea
à bien d'autres possibilités du genre en
s'habillant.
Un peu plus tard, Archie chevauchait sa fidèle Betsy. Il la
parqua dans le stationnement des étudiants de
l'école. En descendant de sa jalopy, il vit au loin Moose et
Debbie qui sortaient de l'école. Moose ne semblait
être dans son assiette tandis que Debbie semblait
plutôt frustrée. Archie se disait qu'ils
n'étaient pas satisfaits de leurs notes, tout simplement.
Archie entra dans l'école. Les couloirs étaient
quasi-déserts. Seuls quelques étudiants
regardaient leurs notes au babillard où ils
étaient affichés. Archie décida
d'aller voir les siennes, tant qu'à y être. Archie
zieuta toutes les feuilles du babillard et constata que son nom ne
figurait nulle part.
– Euh... Chuck, dit Archie en mettant sa main sur
l'épaule de son ami, pourquoi n'ai-je pas mes
résultats?
– Sais pas. Mais je n'ai pas vu ton nom sur les feuilles de
notes, répondit-il.
– Et toi, Chuck?
– Oh, moi, je passe partout!
– Félicitations, Chuck! Maintenant, tu m'excuseras
car je dois voir le Bee, dit Archie en s'éloignant.
Archie marcha quelques minutes dans les corridors, en direction du
bureau du directeur. Il n'y avait pas un chat. Archie
commença à s'inquiéter des raisons
pour lesquelles M. Weatherbee voulait le voir. Puis, finalement
arrivé devant sa porte, il cogna timidement.
– Entrez! dit M. Weatherbee.
Archie ouvrit la porte du bureau et pénétra
à l'intérieur.
– Bonjour monsieur, dit Archie. Vous vouliez me voir?
– En effet, Archie.
M. Weatherbee se leva et pointa une chaise devant son bureau.
– Assieds-toi, dit M. Weatherbee en allant fermer la porte.
Le directeur retourna ensuite s'asseoir sur son fauteuil et
commença à regarder une feuille en particulier
sur son bureau.
– Selon ce rapport, Archie, tu as passé quatre de
tes dix examens.
– C'est faux, monsieur Weatherbee, dit Archie pour se
défendre. Je me suis présenté
à tous mes examens.
– Oh, je te crois, Archie. Mais tu n'as pas compris. J'ai dit
que tu as coulé six examens dont trois importants.
Archie protesta.
– Quoi??? C'est impossible!!! J'ai passé tout mon
temps dans les livres ces dernières semaines! Il doit y
avoir une erreur!
– Ton erreur, Archie, c'est de ne pas avoir compris la
matière, je crois.
– Montrez-moi mes examens, s'il vous plait.
M. Weatherbee sortit quelques feuilles. La feuille du dessus montrait
un examen d'histoire.
– À la question : «Qu'a fait Brutus
à l'époque des Romains?», tu as
marqué : «Il essayait d'avoir Olive, la blonde de
Popeye!»
– J'ai vraiment écrit ça?
Archie regarda sur la feuille. C'était écrit noir
sur blanc. M. Weatherbee mentionna d'autres questions afin de
convaincre Archie.
– Ici, tu devais expliquer le rôle de Richelieu
dans la France des années 1600. Tu as écrit :
«Il donnait du trouble aux trois mousquetaires!»
Archie esquissa un sourire idiot.
– Et là, à la question : «Qui
a déchiffré les hiéroglyphes
égyptiens?», tu as inscrit :
«Sûrement pas Mlle Grundy. Elle n'arrive
même pas à lire mon écriture!»
Archie, en plus d'esquisser son sourire idiot, sua un peu.
– Mais monsieur, se défendit Archie, je ne me
souvenais plus de ces réponses. Je croyais faire plaisir au
correcteur en mettant un peu de fantaisie...
– Comme c'est gentil de ta part, Archie, de penser aux
correcteurs des examens, répondit ironiquement M.
Weatherbee. Et justement, tes examens sont trop fantaisistes! C'est
pourquoi tu coules, jeune homme.
– Ça veut dire...
– Oui, Archie, dit le directeur en fermant les yeux, tu dois
reprendre ton secondaire cinq.
– Et si je prenais des cours d'été,
monsieur? demanda Archie.
– J'admire ton initiative, Archie, mais ce sera cependant
insuffisant. Tu dois reprendre ton année.
Archie garda les yeux grands ouverts. Il semblait en transe. M.
Weatherbee prit une feuille où les résultats
d'Archie étaient inscrits et la tendit à Archie.
Il la prit sans la regarder.
– Je suis désolé Archie, dit M.
Weatherbee en tentant de le réconforter. On se reverra donc
en septembre.
Archie se leva, tête baissée, et quitta le bureau
du directeur avec son bulletin. M. Weatherbee l'interrompit
à la dernière seconde.
– Oh, Archie! s'exclama-t-il.
– Oui, monsieur? dit Archie en se retournant.
– Tu peux quand même venir au bal des finissants si
tu veux.
– Merci, dit Archie à voix basse.
Sur l'heure du midi, la bande se donna rendez-vous chez Pop. Jughead,
Betty, Véronica, Reggie, Midge, Chuck, Nancy et
Éthel étaient là.
– Mais où est Archie? demanda Véronica.
– Il devait aller voir le Bee ce matin, répondit
Jughead. C'est ce que sa mère m'a dit. Mais il n'est pas
encore revenu.
À ce moment, la porte de la crèmerie s'ouvrit.
Véronica entendit le bruit de la porte.
– Archie? demanda-t-elle en se retournant.
Moose et Debbie entrèrent.
– Désolée, Moose, s'excusa
Véronica. Je croyais que c'était Archie.
– Euh... ça va, dit-il.
Moose et Debbie prirent deux chaises et s'installèrent avec
la bande.
– Ça n'a pas l'air d'aller, vous deux, constata
Betty. Qu'est-ce qui se passe?
– On a échoué nos examens et on va
doubler. Ça te suffit comme raison? répondit
bêtement Debbie.
– Désolée, répondit Betty
timidement.
– Mais c'est pas une raison pour être
bête, Deb! s'exclama Jughead. C'est pas de notre faute si
t'as coulé!
– Je suis désolée, Betty, s'excusa
Debbie. Mais ça me frustre!
– Te connaissant, ajouta Reggie, tu as sûrement
plus étudié les gars que tes livres!
Debbie fronça les sourcils.
– Peut-être. Mais toi, le seul livre que tu ouvres,
c'est ton auto-biographie!
La bande pouffa de rire sauf Reggie qui ne comprenait pas ces rires.
– Pourquoi vous riez? demanda Reggie. C'est la meilleure
lecture!
– Ha! s'exclama Jughead. Le
télé-horaire est plus passionnant que
ça!
– Oh toi! répondit Reggie. Étouffe-toi
avec ton livre «1001 façons de cuire un
burger»!
Pendant que Reggie s'obstinait avec Jughead et Debbie,
Véronica discuta avec Chuck.
– J'ai vu Archie à l'école, dit Chuck.
Il ne semblait pas filer.
– Ah? Je me demande pourquoi, dit Véronica.
– Va lui demander. Il passe justement devant.
Chuck pointa à l'extérieur. Archie marchait
tête baissée devant la crèmerie de Pop.
Il passa tout droit sans s'arrêter au rendez-vous.
– Mais qu'est-ce qui lui prend? demanda Véronica
en se levant.
Elle prit sa bourse et sortit rejoindre Archie qui était
rendu au coin de la rue. Il était d'humeur maussade.
– Archie! On avait rendez-vous chez Pop, tu te souviens?
– Laisse-moi tranquille, Ron, tu veux?
– Mais on doit parler du bal...
– Je m'en fous! Je n'y vais plus!
– QUOI? s'exclama une Véronica en
colère. Comment oses-tu me faire ça? Et puis,
pourquoi? Il y a une autre fille?
– Non! répondit bêtement Archie. Je
double mon année. Comme je ne suis pas finissant, je ne suis
pas pour me présenter à un bal qui me concerne
pas!
– Mais j'ai passé, moi! Tu peux quand
même m'accompagner!
– Pas question! Trouve-toi quelqu'un d'autre!
répondit Archie en s'éloignant.
– Mais tous les gars sont pris maintenant! s'exclama
Véronica. Je vais avoir l'air de quoi, moi, seule?
Archie n'écoutait plus. Il était
déjà rendu loin.
Betty rejoignit Véronica à l'extérieur.
– Ron, qu'est-ce qui se passe?
– Archie a rompu notre sortie au bal demain parce qu'il
double! C'est idiot!
– Oh? Mais il a mis tellement d'efforts dans ses
études dernièrement... Il ne le prend
peut-être pas...
– Quel égoïste, ce gars! De quoi j'aurai
l'air, maintenant, seule au bal?
Betty pensa alors: «Ne réponds pas Betty! Surtout,
ne réponds pas...»
Le jour du bal arriva enfin. Les finissants de la secondaire de
Riverdale prirent bien du temps à préparer ce bal
tant attendu. Sauf Archie. Il boudait dans sa chambre en regardant la
télévision et en mangeant des croustilles. De
leur côté, ses parents n'étaient pas
très contents de ses résultats mais ils
réprouvaient certes son comportement isolateur. Archie ne
voulait pas répondre au téléphone
à ses amis et ne voulait recevoir aucun de ses amis. Cela
faisait une trentaine d'heures qu'Archie s'était
enfermé dans sa chambre. Il ne sortait que pour aller aux
toilettes. Son père alla cogner à sa porte.
– Archie, Véronica au
téléphone.
– Prends le message, répondit-il
bêtement.
– Je suis tanné de prendre tes messages! Tous tes
amis ont appelé pour avoir de tes nouvelles!
Réponds!
Fred descendit au rez-de-chaussée et se dirigea vers le
téléphone décroché. Il
attendit une minute puis rapprocha le combiné de son oreille
pour finalement constater qu'Archie n'avait pas répondu.
– Puis-je prendre le message, Véronica?
Le bal commença après la remise des
diplômes. Tous les étudiants étaient
réunis dans la grande salle de bal du Ritz de Riverdale.
Chacun s'était mis sur son trente-six.
Jughead était habillé en tuxedo noir avec chemise
blanche et cravate. Il n'était pas habitué
à ce genre d'habit mais, pour l'occasion, il fit un effort.
Probablement pour Betty. Elle était simplement ravissante
dans sa robe verte décolletée aux
épaules. Ils dansèrent plusieurs ballades
ensemble et Jughead limita ses arrêts au buffet à
deux à l'heure.
Reggie portait un complet gris foncé avec chemise blanche et
cravate noire rayée. Il se pavana une partie de la
soirée avec sa nouvelle conquête, Midge. De son
côté, Midge arborait une longue robe rose et
portait quelques bijoux dispendieux qu'elle avait empruntés
à Véronica, dont un bracelet et un collier en or.
Les deux tourtereaux se collèrent beaucoup lors des ballades.
Moose portait un magnifique complet bleu pâle avec cravate
assortie. Il eut du bon temps avec la grande Éthel, qui
elle, portait une robe courte rouge. Elle avait aussi l'air plus jolie
que d'habitude.
Chuck était habillé d'un complet noir avec
chemise blanche et un corsage, offert par Nancy. Pour sa part, Nancy
avait opté pour un complet noir, elle aussi, à la
surprise générale (surtout de Chuck).
Véronica portait une robe bleu marin de son couturier
français. De son cou scintillait un magnifique collier
d'émeraudes. À ses côtés,
Dilton. Vu qu'il était le seul gars disponible, elle
décida de l'inviter. Plutôt, elle le supplia
à genoux car Dilton avait refusé au
début. Il finit par accepter l'invitation. Il
était habillé d'un complet noir pâle.
Malgré les apparences, Véronica eut quand
même du plaisir avec Dilton, même si elle ne
l'avouait pas.
Après quelques danses, Jughead et Dilton se rendirent au
buffet, laissant Betty et Véronica jaser ensemble.
– C'est dommage qu'Archie n'ait pu venir, dit Betty.
– Archie qui? répondit ironiquement
Véronica.
Elles prirent chacune une gorgée de punch.
– As-tu vu Cheryl? demanda Betty.
– Pas depuis la remise des diplômes,
répondit Véronica. De toutes façons,
plus elle est loin, mieux je m'en porte!
À l'autre bout de la ville, chez les Andrews, Cheryl parqua
sa Maserati devant la maison. Elle en descendit et alla cogner
à la porte du domicile. Fred ouvrit la porte à
une jolie fille au cheveux rouges, portant une magnifique robe courte
décolletée bleue. Elle avait l'air
prête à sortir à un bal.
– Est-ce que Archie est là? demanda Cheryl.
– Oui, Cheryl. Il est dans sa chambre mais on n'arrive pas
à l'en faire sortir. Il ne veut voir personne.
– Il va changer d'avis avec moi, M. Andrews, dit-elle,
confiante.
– Si tu peux faire quelque chose, vas-y fort, dit Fred en
laissant entrer Cheryl.
Cheryl monta au deuxième étage et se rendit
directement vers la porte de la chambre d'Archie. Elle cogna
à la porte.
– Archie? C'est moi, Cheryl.
– Laisse-moi tranquille!
– Pas question Archie! Tu sors avec moi, ce soir.
– Ha! Tu peux toujours rêver! Je ne suis
même pas assez intelligent pour finir mon secondaire cinq.
Comment pourrais-je t'intéresser?
– Laisse faire les complexes, Archie. Ouvre!
Archie ne bougea pas.
– Archie, ouvre-moi, insista-t-elle. Je veux t'aider.
Archie mangea quelques croustilles en fixant la
télévision.
– Archie, ce n'est pas parce que tu doubles ton
année que la Terre arrête de tourner. La vie
continue...
– Je perds un an pour ça!
– Allons, Archie. Il y a pire que ça! À
bien des endroits sur la planète, des gens
crèvent de faim et toi, tu t'empiffres de chips! Il y a des
gens qui ont des maladies mortelles alors que toi, tu es en parfaite
santé. Il y en a d'autres qui commettent des crimes et ont
un casier judiciaire rempli, alors que toi, tu es un excellent citoyen.
Archie baissa les yeux un moment et soupira. Il déposa son
sac de croustilles, puis il se leva. Archie débarra et
ouvrit la porte. Cheryl entra. Le chaos total régnait dans
la chambre. Cela répugna un peu Cheryl, qui se fraya un
chemin vers le lit d'Archie où elle s'assit finalement.
– Je suis désolé, Cheryl. Tu as raison.
Je n'ai pas vraiment de problème. C'est juste que je
n'aimais pas l'idée d'être un an en retard sur
tout le monde.
– Tu ne seras pas seul, Arch. Moose et Debbie ont aussi
doublé.
– C'est pour ça qu'ils étaient
à l'école hier matin, dit Archie en se frappant
le derrière de la tête avec la main. C'est plate
pour eux...
– C'est sûr, mais comme je le disais, ne
t'empêche pas de vivre pour ça. Si tu te mets
à l'envers pour des peccadilles de ce genre, tu n'iras pas
loin, mon beau rouquin.
Cheryl plaça sa main sur l'épaule d'Archie.
– C'est vrai, Cheryl. Je vais mieux faire l'an prochain!
Quand ça ne marche pas, il faut essayer plus fort!
– Là tu parles, beau bonhomme!
– Merci Cheryl. Tu me fais beaucoup de bien.
– Contente d'être utile, dit Cheryl d'un ton plus
sensuel.
– Ne voulais-tu pas sortir?
– Bien sûr, mon beau rouquin. Mais pas sans toi!
– Je suppose que de sortir un peu ne me fera pas de tort...
– À la bonne heure! Prépare-toi, je
t'attends en bas.
Cheryl descendit au rez-de-chaussée où M. Andrews
l'attendait.
– Alors? demanda Fred.
– On va sortir ensemble, M. Andrews, dit Cheryl.
– Merci beaucoup Cheryl. Je ne sais pas comment tu as fait
mais c'est le résultat qui compte.
Archie descendit peu après avec son traditionnel chandail
noir marqué d'un «R» et ses pantalons
carreautés orangés. Cheryl mit son bras sur les
épaules d'Archie, puis ils sortirent.
– Bonne soirée, les jeunes! dit Fred en leur
envoyant la main.
© Mars 2000, par Macfly
FIN
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