Archie : la série continue
Aventure à Hawaii 2e partie
Épisode 1.07
Cher journal,
Ces jours-ci, je ne me comprends plus. En
général, les filles ne m'intéressent
pas mais pour Betty, c'est différent. Elle a toujours
été une bonne amie pour moi. Elle m'a souvent
cuisiné des petits plats tout simplement
délicieux. Elle s'est souvent occupée de Hot Dog
quand on partait en voyage. C'est une si bonne fille. Ça m'a
répugné qu'Archie choisisse Véronica
pour le bal des finissants. Même si c'est mon meilleur ami,
je trouve qu'il est aveugle en amour. Betty l'apprécierait
plus que Ron. Lorsqu'il est parti avec elle la veille du bal, j'ai
offert à Betty de l'escorter au bal. Elle accepta. On a
passé une merveilleuse soirée à
danser, et bien sûr, à s'empiffrer au buffet. Plus
moi que Bets mais bon...
Depuis le bal, il y a une semaine, Archie a disparu. Il est
probablement parti en vacances avec ses parents, comme c'est la coutume
à ce temps-ci de l'année. Mais il n'a rien dit
à personne. De mon côté, j'ai
passé presque toute la semaine avec Betty. On a fait des
pique-niques, été à la plage, fait
à manger et bien d'autres activités durant la
semaine. Mais avec le temps, j'ai l'impression qu'il s'est
passé quelque chose d'étrange. Je commence
à me sentir tout drôle en sa présence.
Je ne sais pas ce qui se passe. La dernière fois que j'avais
ressenti ça, c'était avec Joan.
Joani a été une des rares filles à
m'intéresser vraiment. Malheureusement, elle ne
m'écrit plus. Ça fait plus de six mois que je
n'ai plus de ses nouvelles. Je lui ai sûrement
envoyé au moins dix lettres en six mois. J'ai l'impression
qu'elle ne veut plus rien savoir de moi. Pourquoi? Je l'ignore. Mais si
c'est ce qu'elle veut, je vais l'oublier. Ça me fait quelque
chose de la perdre sans savoir pourquoi... mais dans la vie, j'ai
appris à m'accomoder avec le bon comme le mauvais.
Ça m'en a pris des burgers pour passer à travers
cette peine...
Avec Betty, je ne sais plus quoi penser. On est que des amis. On ne va
pas plus loin. Mais c'est quand même une fille fantastique.
Je suis bien avec elle. Et moi qui traitait Arch d'aveugle
tantôt... Peut-être est-ce moi, l'aveugle...
Bonne nuit, cher journal!
Jughead referma son journal puis le serra dans un tiroir
fermé à clé. Il jeta un coup d'oeil
par la fenêtre. Il admira la lune presque pleine et le
firmament étoilé en songeant à ce
qu'il venait de révéler à son journal.
Hot Dog entra dans la chambre de son maître par la porte
entrouverte. Il rejoignit Jughead. Ce dernier flatta la tête
de son fidèle chien.
– J'avais bien raison, soupira-t-il. Les filles, c'est des
problèmes.
Jughead se baissa au niveau de son chien.
– Mais Arch avait aussi raison, continua-t-il. Elles peuvent
apporter un certain bien-être. Ce serait moins
compliqué si j'étais à ta place, Hot
Dog.
«C'est un point de vue» songea Hot Dog.
Jughead ferma la porte de sa chambre et ferma la lumière. Il
s'installa dans son lit, suivi par Hot Dog qui sauta près
des pieds de son maître.
Le lendemain matin, comme c'était la coutume, Jughead fit la
grasse matinée. Vers dix heures, Hot Dog le
réveilla en aboyant constamment. Son plat était
vide et il avait faim. Jughead se leva en maugréant.
– ...et on appelle ça le meilleur ami de l'homme!
Jughead descendit au rez-de-chaussée, suivi par Hot Dog. Il
se rendit dans la cuisine, sortit une boîte de nourriture
pour chiens et en versa le contenu dans le bol de Hot Dog. Ce dernier
n'en fit que quelques bouchées. Comme le chien
était servi, Jughead se servit à son tour. Il
dévalisa la moitié du
réfrigérateur et le quart de son garde-manger
pour se faire un sandwich géant dont lui seul a le secret.
Après cet en-cas, le téléphone sonna.
– Domicile des Jones, bonjour. Jughead à
l'appareil.
– Allo Jug. C'est Betty. Je me demandais si tu voulais
pique-niquer avec moi, Reg et Midge cet après-midi.
– Un pique-nique? Au nom de mon esto... de notre
amitié, c'est sûr!
– Super. Rendez-vous au parc vers 14 heures.
– D'acc, Betty!
Chacun raccrocha son téléphone.
Un peu avant le dîner au domicile Lodge, le père
de Véronica répond au
téléphone.
– Oui... Lodge à l'appareil... Comment
allez-vous?... Oui... Non... COMMENT? Mais c'est désastreux!
Et vous ne les avez pas remplacé?... Zut! Je vais perdre de
l'argent si on ne fait rien. Enfin bon, tenez-moi au courant.
M. Lodge raccrocha son téléphone privé
durement. Smithers entra dans le bureau de son patron avec un plateau
contenant un verre d'eau.
– Voilà monsieur, dit Smithers en tendant son
plateau à M. Lodge.
– Merci Smithers, dit Hiram en prenant le verre d'eau.
Il prit une gorgée.
– Vous vous souvenez de Moloka? demanda M. Lodge.
– Le gérant de votre hôtel à
Hawaii?
– En effet. Eh bien, les affaires chutent
présentement, Smithers. On a eu l'idée d'engager
des groupes musicaux pour favoriser les affaires de Moloka. Mais il
m'informe que les quatre groupes qu'il avait engagés se sont
tous désistés à la dernière
minute. Quelqu'un les aurait payés pour refuser.
– Mais qui aurait pu faire ça, monsieur? demanda
le majordome.
– Un compétiteur, je suppose, répondit
Hiram. Ce qui est affreux, c'est que j'ai beaucoup investi dans son
entreprise depuis un an et je vais peut-être perdre mes
investissements.
– Pourquoi n'a-t-il simplement pas continué sa
recherche de groupe?
– Comme les affaires ont baissé, les groupes ne
sont plus intéressés à jouer
là. Je suis désespéré,
Smithers.
– Êtes-vous sûr que Moloka vous dit la
vérité, monsieur? Par le passé, il
vous a déjà joué.
– Je sais mais il s'est repenti, Smithers. Il est devenu un
bon homme d'affaires. J'ai confiance en lui.
À ce moment, Véronica entra dans le bureau de son
père.
– Oh, Smithers, avez-vous vu la
télécommande du téléviseur
de la salle de divertissements? demanda Véronica.
– Oui, mademoiselle. La dernière fois, je l'ai vue
près de la machine à pop corn,
répondit impassiblement Smithers.
– Ah oui, je me souviens! Je l'avais laissée
là, hier soir. Je vais pouvoir maintenant regarder mon
groupe préféré à la
télé. Merci, Smithers!
– Un plaisir, mademoiselle.
M. Lodge eut alors un éclair de génie. Alors que
Véronica s'apprêtait à sortir du bureau
de son père, il l'arrêta.
– Véronica! Attends une minute, demanda son
père.
– Oups, dit Véronica un peu nerveuse. Tu as vu le
compte de téléphone. C'est ça?
– Non. Il arrive demain.
– Tu veux que je dépense moins à cause
de mon compte faramineux de la boutique chez Lacy.
– Ce serait bien, en effet mais ce n'est pas pour
ça que je veux te parler.
– Alors c'est quoi le problème?
– C'est une longue histoire Ron, mais les Archies
pourraient-ils jouer à Hawaii pour un mois?
– Tu veux qu'on joue à Hawaii? Wow! Sûr!
répondit une Véronica très contente.
Je vais en parler au groupe ce midi, papa.
Elle embrassa son père et se dirigea rapidement vers la
porte du bureau.
– Je dois aller magasiner pour des nouveaux maillots!
dit-elle en sortant.
– C'est drôle, Smithers, dit M. Lodge en
s'adressant à son domestique. J'ai l'impression que je n'ai
pas besoin de mon hôtel à Hawaii pour perdre de
l'argent...
Un peu plus tard, après l'heure du midi, Betty se rendit
chez Pop avec son panier de pique-nique. Elle salua Pop de la main et
alla rejoindre Midge assise à une table près de
la vitrine.
– Allo Midge. Reggie n'est pas là? demanda Betty
en déposant son panier sous la table.
– Non mais il devrait arriver sous peu, répondit
Midge.
– Comment ça va avec lui?
– Assez bien. Mais il en met toujours un peu trop quand il
parle de lui.
À ce moment, Reggie poussa la porte d'entrée de
la crèmerie et entra dans la place.
– Salut tout le monde, dit Reggie avec son éternel
sourire en coin. J'ai décidé de vous honorer de
ma présence. Surtout, n'ayez pas peur d'en abuser.
Midge regarda Betty avec une expression qui voulait dire «Tu
vois ce que je veux dire?» Reggie se dirigea vers les filles
et s'installa du côté de Midge.
– Salut ma belle, dit Reggie en embrassant Midge.
J'espère que tu ne t'es pas trop ennuyé, car je
sais que ça peut être dur d'être
éloigné de moi longtemps. Moi-même, je
ne pourrais le supporter.
«Plus ça va, pire il est» songea Betty.
Dix longues minutes plus tard, Reggie parlait encore de
lui-même. Puis, Véronica entra chez Pop. Elle
rejoignit rapidement le groupe.
– Devinez quoi, dit Véronica pour commencer.
– Tu as eu une nouvelle carte de crédit, dit Midge.
– Tu as eu une importation exclusive de Paris que j'ai dans
ma garde-robe depuis deux semaines, dit Betty.
– Tu as entendu dire que ton frigidaire marchait, alors tu as
couru après, dit Reggie.
– Non, non! dit Véronica en balbutiant quelque
peu. Papa a engagé les Archies pour un mois à
Hawaii!
– Wow! C'est une bonne nouvelle Ron, dit Betty
très enthousiaste. Ça fait plus de trois mois
qu'on n'a pas eu d'engagement. Mais il y a un problème.
Personne ne sait où Archie est.
– Moi je le sais, dit une voix familière.
Jason Blossom venait d'entrer dans la crèmerie et
s'avança vers le groupe.
– Il était parti en croisière avec ma
très chère soeur pour la semaine, poursuivit
Jason.
– La petite garce! s'exclama Véronica en donnant
un coup sur la table.
Véronica devint en colère tandis que Betty,
même si la colère l'envahit un peu, montra
plutôt une certaine désolation.
– En fait, ils sont revenus et ils s'en viennent dans
quelques minutes, continua Jason.
Effectivement, deux minutes plus tard, le couple entra chez Pop, main
dans la main. Dès son arrivée,
Véronica l'accosta de pied ferme.
– C'est pour elle que tu m'as laissée le soir du
bal, hein Archie? demanda Véronica, toujours
frustrée et pointant Cheryl du doigt.
– Non, Ron, tu ne comprends pas, dit Archie en essayant de
s'expliquer.
– Laisse faire, mon beau rouquin, ajouta Cheryl en fixant
Véronica de façon malicieuse. Elle a bien
compris, n'est-ce pas Ronnie?
Véronica fulmina de rage. Cheryl réveilla le sens
aigu de la compétition de Véronica. Cette
dernière présenta à son tour un
sourire malicieux.
– Sache qu'il sera avec les Archies à Hawaii pour
tout le mois prochain, dit Véronica.
– Ça change quoi? demanda simplement Cheryl. Je
suis riche, moi aussi. Je peux y aller quand je veux.
– Mais pas ce mois-ci soeurette, interrompit Jason. On a le
club Blossom à gérer assidûment, cet
été.
– Trouble-fête! lança Cheryl
à son frère en fronçant les sourcils.
– À ton service, la soeur, dit Jason, visiblement
fier de son coup.
Cheryl quitta les lieux, très furieuse.
– C'est quoi cette histoire de jouer à Hawaii?
demanda Archie.
– Papa nous a engagé pour un mois à son
club à Hawaii. On part dans trois jours.
– Mais on n'est pas prêts, Ron, expliqua Archie.
Ça fait des mois qu'on a joué.
– Raison de plus pour pratiquer maintenant, dit
Véronica.
– Je viens d'arriver, Ron. Je suis un peu fatigué.
Ne pourrait-on pas pratiquer ce soir, disons chez moi à sept
heures? suggéra Archie.
– Ok, Archiechou. Rendez-vous dans ton garage à
sept, conclut Véronica.
– On voit «Long-nez» dans une demi-heure,
Arch, dit Reggie. On lui fera le message, n'est-ce pas Betty?
– Euh... oui, répondit-elle au hasard, ne suivant
pas tellement la conversation.
Archie et Véronica quittèrent la
crèmerie en discutant de la prochaine
répétition.
Jason se rendit peu après au comptoir pour commander un soda
à Pop. Midge et Reggie se levèrent pour aller
à leur rendez-vous.
– Tu viens, Betty? demanda Midge.
– Euh... je vous rejoins là-bas avec le panier,
répondit Betty.
– Ok, Bets. Allons-y, beauté, dit Reggie.
Midge et Reggie quittèrent à leur tour la place
en laissant Betty avec ses pensées. Jason revint s'installer
en face d'elle avec son soda.
– Ça n'a pas l'air d'aller, toi, observa Jason.
– Non, ça va, dit Betty de façon peu
convaincante.
– C'est Archie, n'est-ce pas?
Betty baissa la tête.
– Je suis invisible à ses yeux, Jason. Je
m'accroche à un amour impossible.
– Et que vas-tu faire, au juste?
– Je vais abandonner sa conquête, je crois.
Jason afficha un grand sourire pendant un court moment, puis reprit son
air sérieux.
– Je le poursuis depuis des années et il sort
quand même plus avec Ron et Cheryl qu'avec moi. Je suis
écoeurée de me sentir
délaissée comme ça. Je devrais me
tenir avec d'autres gars avec qui je sais que je suis
appréciée.
– Comme qui? demanda Jason, curieux.
– Tu vas trouver ça drôle, dit Betty en
relevant la tête, mais ces temps-ci, il y a un gars avec qui
je me sens bien.
– Je ne trouve pas ça drôle, moi. Je
trouve ça plutôt bien.
– Le hic, c'est que je ne crois pas qu'il
s'intéresse à moi.
– Pourquoi ne lui demandes-tu pas simplement? demanda Jason.
– Mouais. C'est une idée. Depuis le temps qu'on se
connaît, on ne devrait pas se cacher ces choses-là.
– Tout à fait d'accord.
Betty se leva, prit son panier de pique-nique et se dirigea vers la
sortie, à la grande surprise de Jason.
– Mais où vas-tu, Betty? demanda-t-il.
– Au parc voir Jughead. Et merci pour ton écoute,
Jason.
– Un plaisir, dit Jason très
embêté en croyant qu'elle parlait de lui.
Le soleil planait sur le parc Pickens où Betty transportait
son panier de pique-nique en se rendant à son rendez-vous.
Elle rejoignit Midge, Reggie et Jughead qui l'attendaient depuis un
quart d'heure. En voyant Betty mais surtout son panier de victuailles,
Jughead saliva abondamment.
– À table! s'exclama-t-il.
– Du calme, Jug, répondit Betty. Trouvons-nous
d'abord un coin pour s'installer.
Les quatre jeunes scrutèrent le terrain à la
recherche d'un coin tranquille. Plusieurs jeunes se promenaient,
jouaient à la balle ou relaxaient ici et là. Puis
Midge trouva un endroit tranquille sous la pénombre d'un
grand arbre. Ils s'y installèrent. Jughead
déploya une grande couverture sur le gazon pendant que les
autres sortaient à mesure les victuailles du panier de
Betty. Une fois installés, les jeunes discutèrent
en savourant le repas de Betty.
– Tout simplement délicieux, Betty, dit Midge en
mangeant un morceau de gâteau.
– Merci, Midge.
– Même moi, le grand Mantle, je me dois de
reconnaître que c'est excellent.
– Euh... merci Reg.
Seul Jughead ne complimentait pas Betty car il mangeait sans
arrêt. Il suivit la discussion sans y prendre part,
jusqu'à ce que Reggie se décide à le
faire participer.
– Hé, Long-nez! dit Reggie en voulant se moquer.
Tu es bien silencieux. Tu as avalé ta langue?
– Non, je la garde comme dessert! répondit Jughead
entre deux bouchées.
– Quel effort pathétiquement ridicule pour essayer
de nous faire rire, dit Reggie en prenant un air hautain.
– Peut-être, mais ça aurait pu
être pire. Tu aurais pu essayer de nous faire rire! s'exclama
Jughead.
– Je peux très bien faire rire si je veux,
môssieur «l'homme-burger». Homme...
burger... la comprenez-vous? demanda Reggie avec le sourire.
Personne ne daigna rire de sa blague.
– Bah! Vous n'avez aucun sens de l'humour! s'exclama Reggie.
– C'est dans quelle direction? demanda Jughead.
Midge et Betty esquissèrent un large sourire. Toutefois,
Reggie ne supporta pas de ne pas avoir le dessus sur son ennemi. Il
fronça les sourcils.
– Essaies-tu de me faire passer pour un idiot devant les
filles? demanda Reggie.
– J'ai pas besoin d'essayer, dit Jughead impassiblement entre
deux bouchées.
– Oh, ça suffit! s'écria Midge,
plutôt furieuse. Franchement, Reg, dois-tu toujours
être le meilleur dans tout?
– Je ne suis pas obligé mais les choses sont comme
ça. Je suis le meilleur et c'est l'évidence
même, dit simplement Reggie.
– Oh, tu m'exaspères! s'exclama Midge.
Irritée, elle se leva et quitta le groupe. Puis Reggie se
leva à son tour.
– Attends, Midge! dit Reggie en essayant de rejoindre cette
dernière. Qu'est-ce que j'ai dit de mal?
– Ce serait moins long s'il disait ce qu'il n'a pas dit de
mal, je crois, dit Jughead alors que Reggie ne pouvait l'entendre,
étant déjà loin.
– Très drôle, Jug, dit Betty. Tu as fait
fuir nos amis et ruiné le pique-nique!
– Je peux régler au moins un des deux
problèmes, répondit Jughead en prenant les
assiettes de Midge et Reggie.
– Tu ne penses donc qu'à manger? demanda Betty, un
tantinet découragée.
– Euh... pas nécessairement, répondit
Jughead en hésitant.
– Alors à quoi penses-tu d'autre? demanda-t-elle
en pensant qu'il parlait de leur relation.
– Ben... à Joani, dit-il après une
longue hésitation.
– Oh, je vois, répondit Betty
légèrement déçue par cette
réponse.
Un long silence s'ensuivit. Betty pensa à ce que Jason et
elle avaient discuté auparavant. Elle voulut demander
à Jughead quels étaient ses sentiments
à son égard mais elle n'eut pas le courage. Joani
ayant été une des seules flammes de Jughead, elle
crut n'avoir aucune chance et décida de laisser tomber. Elle
se leva après un moment et décida de partir.
– Je me souviens que je dois faire un truc pour mes parents.
Je dois y aller. Tu n'as qu'à ramener le panier chez moi
quand tu auras fini, Jug.
– Oh? Mais...
– Oh, en passant n'oublie pas, Jug, on a une pratique avec le
groupe à sept heures chez Archie, dit-elle en s'en allant.
– Archie est de retour? dit Jughead. Intéressant.
Jughead continua de manger en regardant Betty s'éloigner au
loin.
Quelques heures passèrent. Il était six heures
quarante-cinq. Véronica se parqua face au garage d'Archie
avec la camionnette du groupe. Ce dernier sortit de la maison avec les
yeux gros comme des trente sous.
– Véronica qui arrive de bonne heure à
un rendez-vous, dit-il. Qu'on me pince! Je dois rêver!
Véronica, qui était descendue de la camionnette,
pinça le bras droit d'Archie avec ses ongles longs.
– OUCH! s'exclama Archie. As-tu aiguisé tes ongles
avant de venir?
– Arrête de te plaindre et décharge la
camionnette, dit Véronica. Les autres vont bientôt
arriver.
Archie ouvrit les portes arrière de la camionnette et
déchargea quelques instruments. Véronica le
regarda faire.
– Ron, tu pourrais m'aider à décharger
les instruments, non?
– Mais je pourrais me casser un ongle!
«C'est pas moi qui s'en plaindrait» songea Archie
en repensant à la petite pincette de Véronica.
Reggie arriva peu après dans sa nouvelle Maserati avec
Betty. Il stationna en face du domicile. Puis les deux adolescents
rejoignirent Archie et Véronica dans le garage. Ils
installèrent chacun leurs instruments. Betty installa la
batterie de Jughead: comme elle était percussionniste, ses
instruments ne nécessitaient aucune préparation.
Archie et Reggie accordèrent leurs guitares respectives et
Véronica fit l'effort de brancher son
synthétiseur.
Il était sept heures dix lorsque tout fut prêt.
Toutefois, Jughead manquait toujours à l'appel.
– Êtes-vous sûrs d'avoir dit à
Jughead de venir pratiquer pour sept heures? demanda Archie en
s'adressant à Betty et Reggie.
– Bah il doit encore être en train de manger,
répondit Reggie.
– Oui, je lui ai dit, répondit Betty. Il ne
devrait pas tarder à arriver.
En effet, il fit peu après son apparition dans
l'entrée du garage. Il tenait quelques feuilles dans la main.
– Salut les amis! commença Jughead. Devinez quoi.
– Tu viens de découvrir que tu es en retard pour
la pratique, répondit Archie.
– Tu as découvert une méthode qui
permet de dormir plus longtemps, répondit sarcastiquement
Véronica.
– Tu as mangé tout ce qu'il y avait dans ton frigo
et t'as même mangé l'ampoule pour qu'il ne reste
plus rien dedans! répondit Betty.
– T'as eu peur quand ton ombre a voulu te poursuivre pour
grossière indécence! répondit Reggie
ironiquement.
– Non, dit Jughead. J'ai écrit une chanson cet
après-midi. On pourrait l'essayer, non?
– Je me souviens de tes dernières compositions,
commenta Reggie. Vous souvenez-vous de celle-ci: «Quand mon
ordinateur bogue, je mange des hot-dogs. Quand je manque de vigueur,
ça me prends des burgers.» Il avait
intitulé ça «Que ferais-je, sans
toi?»
– Disons qu'on ne s'attendait pas à ça
avec un tel titre, poursuivit Véronica.
– Ce n'est rien de tout ça, dit Jughead en passant
les différentes partitions à ses amis. Tenez.
Ça s'appelle «Pour toi». Vous me direz
ce que vous en pensez.
Chacun scruta rapidement sa feuille de musique.
– La musique a l'air facile, conclut Archie. On va l'essayer.
Ils pratiquèrent leurs partitions chacun de leur
côté pendant quelques minutes.
– Bon, on l'essaie? demanda Archie.
Tout le monde acquiesça.
– Attention... 3, 4!
Le groupe joua la courte introduction musicale de la chanson et Jughead
commença à chanter.
J'étais jeune
J'étais frêle
J'étais naïf
La vie était merveilleuse
Mais elle s'assombrit
Lorsqu'elle est partie
Qu'allais-je devenir?
Allais-je en revenir?
Allais-je en mourir?
J'ai noyé ma peine
Jusqu'à ma dernière cenne
Tu ne le sauras pas
Mais c'était pour toi
Je suis encore jeune
Je suis encore frêle
Mais j'suis plus naïf
Les choses ont changé
Le soleil s'est pointé
Lorsqu'elle est arrivée
Vais-je lui demander?
Vais-je l'embrasser?
Vais-je l'honorer?
J'ai mangé mes émotions
Jusqu'à mon dernier rond
Le sauras-tu un jour
Que c'est pour toi
Jughead fit un long solo de batterie puis conclut sa chanson avec les
autres membres. À la fin de la chanson, tout le monde fixa
Jughead de façon étonnée.
Après un long silence, Jughead tâta le terrain.
– Et puis? Qu'en pensez-vous? demanda Jughead.
– C'est vraiment toi qui a écrit ça?
demanda Archie en regardant les paroles.
– Ça ne va pas?
– Au contraire! continua Archie. C'est simpliste mais la
musique est bonne et je trouve ça génial!
– Alors pourquoi me regardez-vous tous comme si
j'étais un extra-terrestre?
– Ça, on le sait déjà,
répondit sarcastiquement Reggie. Mais on a du mal
à croire que t'aies écrit ça, toi, le
plus grand misogyne que la terre ait porté. Tu es
sûr de ne pas avoir copié?
– Je vous le jure! assura Jughead. J'ai écrit
ça avant de venir. C'est pour ça que
j'étais en retard. Mais vous autres, vous ne dites rien?
– Moi, le grand Mantle, je me dois de reconnaître
que c'est excellent.
– Je pense que c'est très bon, agréa
Véronica.
– Moi aussi, conclut Betty.
– On la jouera certainement à Hawaii, dit Archie.
Si jamais t'as d'autres idées de ce genre,
amène-les!
Jughead sourit. Puis il jeta un coup d'oeil à Betty alors
qu'elle regardait ailleurs. Puis Archie commanda les autres
pièces à pratiquer.
À la fin de la soirée, Archie annonça
la fin de la pratique.
– Une autre pratique demain soir? demanda Archie.
– Oui, répondit Véronica, mais chez
moi, cette fois.
Tout le monde fut d'accord. Betty, Jughead, Véronica et
Reggie sortirent du garage en saluant Archie.
– Je vous reconduit? demanda Reggie.
– Avec plaisir, répondit Véronica.
– Allez-y, répondit Jughead. Betty et moi allons
rentrer à pied.
Betty était un tantinet perplexe mais elle ne contredit pas
son ami.
– Comme vous voulez, dit Reggie en saluant Betty et Jughead.
Reggie alluma sa voiture, fit embarquer Véronica et partit
en direction du domaine Lodge. Pendant ce temps, Betty et Jughead
prirent la direction opposée.
– J'aimerais te parler, Betty. Allons chez Pop.
– Si tu veux, répondit la belle blonde.
Une fois arrivés devant la crèmerie de Pop,
Jughead tint la porte ouverte pour Betty qui entra la
première. Puis il pénétra à
son tour. Jughead leva le bras pour faire un signe à Pop.
– Un grand malté au chocolat, Pop, commanda
Jughead.
– Je te l'apporte dans un instant, Jug, répondit
Pop.
Jughead et Betty s'installèrent à une table
près de la vitrine, l'un en face de l'autre.
– De quoi voulais-tu me parler, Jug? demanda Betty.
– Eh bien... euh... vois-tu, Betty, je... euh...
– Ça a l'air grave...
– En fait, c'est que... euh...
Pop interrompit Jughead en apportant le fameux grand malté
au chocolat. Puis il retourna à son comptoir en arborant un
petit sourire que personne ne vit. Betty remarqua que Pop avait mis
deux pailles au lieu d'une dans le malté au chocolat. Elle
se posa alors la question «Pourquoi deux pailles?»
Pendant qu'elle songeait à ce détail, Jughead
prit les mains de Betty qui gisaient sur la table.
– Ça va te paraître idiot mais j'ai
beaucoup pensé à toi ces derniers temps, Betty.
Betty ressentit des frissons dans le dos. Elle avait peine à
croire à ce que Jughead venait de lui dire.
C'était pourtant ce qu'elle voulait entendre il y a quelques
heures. Mais le doute persista.
– Oh, Jughead. Je ne pensais pas que... mais tu pensais
à Joani cet après-midi. Je sais que tu l'aimes et
que...
– C'est fini avec elle, interrompit Jughead. Je l'aime bien
mais je ne la reverrai probablement plus car elle ne me
réécrit plus. Je crois qu'elle veut casser. Alors
j'ai décidé de reprendre le célibat...
temporairement.
– Jug, je... dit Betty en hésitant un peu. Je te
mentirais si je te disais que je n'ai pas pensé à
toi ces derniers temps. Moi-même, j'ai
décidé de laisser Archie tomber cet
après-midi. Après tout, je me sens en bonnes
mains... avec toi, Jug.
Pendant ce temps, Jason s'adonna à passer devant la vitrine
de la crèmerie de Pop en voiture. Il vit Betty et Jughead en
train de s'embrasser. Jason arrêta brusquement sa voiture. Il
regarda de nouveau dans la vitrine et vit Betty et Jughead, main dans
la main, l'air amoureux. Jason n'en crut pas ses yeux. «Je
crois qu'il est temps que je passe mon examen
optométrique» songea Jason en repartant.
Cher journal,
La chose la plus incroyable m'est arrivée aujourd'hui.
Jughead m'a dit qu'il s'intéressait à moi.
Après toutes ces années, qui eut cru qu'il
pouvait avoir des sentiments? Non pas que j'en doutais. Non. Mais j'ai
toujours bien aimé Jughead. Il a une façon de
voir les choses bien à lui. Personne ne lui dit quoi faire.
Il est toujours maître de lui-même. Pas comme un
certain Archie de ma connaissance. Mais c'est drôle. Je lui
ai dit que je laissais tomber Archie. C'est vrai. Mais je l'aime
encore. Je l'aimerai peut-être toujours. Mais je
préfère avoir des relations concrètes
avec un gars avec qui je me sens acceptée qu'avoir des
relations virtuelles avec un idéal insaisissable.
Jughead m'a offert d'abord de partager son malté au chocolat
avec deux pailles. Quand il partage sa nourriture, c'est bon signe.
Puis, il m'a avoué qu'il pensait beaucoup à moi.
J'en étais très surprise mais aussi
très contente car il partageait mes sentiments. En fait, cet
après-midi, je voulais lui demander quels étaient
ses sentiments à mon égard mais j'ai
décidé de laisser faire car il m'a
parlé de Joani, sa première blonde. Comme je ne
voulais pas interférer dans sa relation, je l'ai
laissé à ses pensées.
Pour revenir à ce que je disais, Jughead m'a tenu les mains,
puis on s'est embrassés pour la première fois.
J'ai trouvé ce moment tout simplement magique. On s'est
échangé des regards en sirotant notre
malté au chocolat. On a jasé de tout et de rien
comme d'habitude. Puis Pop a pris deux photos de nous. Jughead en a une
et moi aussi. D'ailleurs, je l'admire en ce moment même.
Jughead n'est peut-être pas superbe mais c'est la
beauté intérieure qui compte. C'est d'ailleurs ce
que je dis toujours à Éthel.
La chose qui m'a le plus marqué chez Pop, c'est que Jug a
gardé les yeux ouverts durant tout ce temps. Ça
n'arrive que lorsqu'il est sérieux. Je crois que c'est
là une nouvelle bonne chose que la vie m'apporte.
Véronica peut bien avoir Archie. J'aurai Jughead...
Bonne nuit, cher journal!
Betty ferma son journal intime et le rangea dans le tiroir du bas de sa
commode. Elle alla rejoindre son chat Caramel qui était
couché sur le bord de la fenêtre. Elle contempla
le ciel étoilé pendant de longues minutes.
À un certain moment, elle crut même voir une
constellation de la forme du chapeau de Jughead. Elle alla ensuite se
coucher avec un large sourire. Elle admira une dernière fois
la photo de Jughead et elle chez Pop avant de fermer la
lumière de sa lampe.
© Avril 2000, par Macfly
FIN
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